Portrait de femme 2

J'ai faim pourtant, mais là, ça passe pas

nan, sans façon.............

Yves
C'est une certitude je n'accrocherai pas ton portrait dans mon bureau.
Mais voilà, tu as réveillé un vieux souvenir.
J'ai connu une femme, dont je tairai, le prénom içi
Qui a vécu la misère.
Elle aimait les enfants, c'est tout ce que je sais.
Pour toi, une errance sur la route des maux.
Merci à toi d'illustrer cette page de vie
Amitiés

Autour des yeux, la cavité se creuse,
Elle regarde la nuit par l’entrebâillement du volet,
Personne ne la comprend. Je suis là derrière à la guetter,
Si, elle est happée par la nuit,
Peut-être j’aurai le temps de la rattraper par la veste.
Je vais maintenant assister à sa lente désagrégation
Dans ses moments de lucidité, j’interroge passionnément son passé.
Elle aime les histoires terribles, pitoyables,
Elle parle avec respect des monstres du musée Africain
Et me transmet son goût de la mélancolie noire
Je la surprends un soir,
Elle s’amuse à tracer une bande noire sur ses photos,
Elle trouve ça passionnant.
Et déclare qu’elle peut se dédoubler,
Et qu’une moitié d’elle erre dans la pièce
À quel moment a-t-elle commencé de délirer
Difficile à dire,
Bien sûr, je l’aimais quand nous buvions le chocolat ensemble,
Elle me parlait, du passé, comme si le présent n’avait pas d’intérêt,
Ou, parce qu’elle a toujours voulu garder une partie de vie secrète.
Avec cette sculpture de Véran, le passé me revient
Ce soir, j’écris sur ma perception des objets
Des fois je crois que j’aime seulement les pierres.
J’essaie de m’endurcir, mais les pierres commencent à tressaillir
Et à tourner quand on les regarde.
Je commence à divaguer.
Je pense à elle.
J’ai vécu cette femme derrière son mégot de fumée,
Accoudée sur des tables envinées.
J’ai senti son regard se pencher par la portière
Alors qu’ elle dépassait le virage de l’infortune
Et que d’autres la saluaient de leurs phares méprisants.
Je pense à cette femme comme on panse un oubli,
Comme on se retire de la vie qui s’enfuit.
J’ai marché dans ses pas sans vouloir l’effacer,
Entre le jour qui nuit et la nuit qui s’ajoure d’ennui.
J’ai partagé avec cette femme quatorze printemps !
Ce n’est pas l’âge où les rêves s’installent entre deux verres.
Triste trait noir, ces printemps.