Roman : La belle écriture

La belle écriture.



Extraits :

« C’était le début de l’été. Je m’en souviens comme si j’y étais. Plus je vais, plus j’oublie ce que j’ai fait la veille, ou des choses qui sont arrivées le matin, mais les souvenirs les plus anciens ont une autre force. Ce jour-là, je me rappelle le ciel au-dessus de la jetée, mais aussi les visages et les voix de tout ceux qui étaient assis à table sous le figuier. Je me rappelle comment on était habillés, et l’odeur âpre des feuilles de figuier, et celle des plants de tomate quand nous sommes allées, ta tante Pepita et moi, en cueillir quelques-unes pour la salade, et je me rappelle l’odeur de nos habits ; tu te rends compte, en te parlant je me rappelle l’odeur des habits de ta tante Pepita et de grand-mère Maria, qui ne sentaient que l’eau et le savon, mais d’une manière très spéciale, parce que c’était mon odeur aussi.

(…)

Ton père, bouche cousue.

Le dimanche après-midi, après le déjeuner, il sifflait et fredonnait en s’habillant. Il sortait propre et rasé de la chambre et mettait sa veste, toujours en sifflant. Puis il s’approchait de la table autour de laquelle nous étions toujours encore assis, allumait un toscan, en offrait un à ton oncle et disait : « Tu viens au foot ? » Ton oncle faisait non de la tête et balbutiait une excuse, tandis que j’enlevais les tasses à café et me dirigeais vers la cuisine pour ne pas assister encore une fois à une scène qui était devenue habituelle.

Quand je revenais dans la salle à manger, ton père s’était servi un verre de cognac et gardait les yeux fixés dessus, sans rien dire, jusqu’à ce que José vienne le chercher. Alors, il retrouvait un entrain forcé et se mettait à parler sur un ton qui sonnait faux, et continuait à parler sans arrêt, comme s’il craignait de s’effondrer s’il se taisait, jusqu’à ce qu’ils se disent au revoir à la porte.

Je remarquais combien son caractère changeait. Nous avions tous probablement le caractère qui changeait. C’était comme si, n’ayant plus à résister face à l’extérieur, nous avions besoin de continuer à brûler notre énergie à l’intérieur maintenant, à porte close. Parfois, je réfléchissais que nous avions eu vite fait de tout oublier. Je pensais aussi que, dès que les choses sont passées, elles cessent d’être vérité ou mensonge et ne sont plus que des restes confus à la merci de la mémoire. Il n’y avait rien à sauvegarder. Le temps détruisait toutes choses, les transformait en poussière, puis le vent soufflait et emportait cette poussière. (…) »

Ca m'a l'air très interessant ce bouquin....
.Merci Pat!

Je pense que cette nouvelle tournure que prend cette rubrique va être une source de joie pour beaucoup....Tous ceux qui aiment la lecture....bien sûr.....
Certaines fois les poesies ne touchent pas tout le monde, tandis qu'un bon bouquin, cela passionne beaucoup plus.

Tout à fait Martino, alléchée par ce début de livre... et déjà mon imagination s'est embarquée à le poursuivre...merci Pat . (je crois bien que je vais investir...)