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 La lumière déchirée - 5

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Aralf
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Aralf


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MessageSujet: La lumière déchirée - 5   La lumière déchirée - 5 Icon_minitimeDim 12 Sep 2010 - 11:58

Chapitre 4


- Bonjour, Madame le Gouverneur.
- Entrez Elezard, vous savez sans doute pour quelle raison je vous ai dérangé aussi tôt?
- Bien entendu, l'Estel, l'une des familles majeures, approche de notre planète en formation de combat serrée. Cela sans raison apparente. « à modifier, ils sont forcément au courant de la destruction d’un cargo… »
- Qu'en pensez-vous ?
- Le gouvernement de Janus, par votre voix, a depuis quelques années investi dans des systèmes de défense ultramoderne. Ces défenses sont destinées à assurer notre souveraineté et sont entièrement opérationnelles. J'ai immédiatement ordonné à notre flotte spatiale de prendre l'air et de se positionner derrière la masse planétaire, en attente de vos instructions.
- Mon cher ministre, qu'est ce qui vous fait dire que notre souveraineté est remise en question ?
- Madame le Gouverneur, les familles se comportent depuis des siècles en maîtres de la galaxie. Leur attitude n'a pas évolué et ils ne font aucun cas de notre existence.
- Nous profitons de leurs cargos, pour nos échanges commerciaux...
- Aux conditions qu'ils nous fixent ! Janus IV est un des points névralgiques du commerce galactique. Il est temps d'imposer nos conditions et pour cela nous devons commencer par faire respecter notre espace stellaire. Avez-vous essayé d'entrer en contact avec l'Estel ?
Le Gouverneur Iliam Jezora, eut un sourire crispé, sachant que son bouillant ministre de la défense connaissait d'avance la réponse:
- Bien sur.
- Ont-ils seulement daigné vous répondre ?
- Non, silence radio.
- Bien, nous n'avons donc pas de temps à perdre...
- Elezard vous exagérez, ce n'est pas la première fois, qu'une Famille débarque sur notre astroport, sans pour autant nous faire des discours !
- Mais l'attitude de l'Estel est menaçante et nous ignorons ce qui peut passer par la tête de ses spatiaux dégénérés. Laissez moi donner des instructions à notre flotte ...
- Ne soyez pas idiot, Elezard ! Nous avons affaire à l'une des plus puissante Famille de la galaxie. Il y'a dans l'espace de quoi rayer des cartes spatiales Janus et tout son système stellaire !
- Nous avons construits ces dernières années, plus de cinquante croiseurs de la classe T. Ils sont en orbite et n'attendent qu'un seul mot. A terre, c'est prés de trois cent intercepteurs légers qui sont prêts à décoller pour fondre sur l'Estel. Et si cela ne suffisait pas à en venir à bout, notre ceinture de satellite de défense à été entièrement réarmé avec les tous nouveaux canons énergétiques longue portée.
- Notre flotte est parfaite pour nous protéger des ambitions de quelques petites familles sans envergure, des pirates où des vaisseaux mystérieux des frères du temps. Mais l'Estel ! La vérité, c'est que vous brûlez d'impatience d'étrenner vos jouets !
- Dois-je comprendre, Madame, que nous allons les laisser entrer dans notre espace planétaire sans réagir.
- Exact, gardez cependant votre flotte en alerte, mais pour l’instant je ne veux voir aucun vaisseau de combat quitter sa base. Ce n'est pas le premier incident de ce type et ils tendent à se multiplier. Il se murmure de drôle de choses dans les astroports de la galaxie, mon cher Elezard. Des murmures qui nous dépassent vous et moi.
- J'entends les mêmes choses que vous, mais si une menace pèse sur nous, nous avons le droit d'en savoir plus.
- Lorsqu'il aura atterri, je convoquerai l'Estel et nous tacherons d'obtenir des informations. Merci Elezard, restez dans les parages, je vous tiendrais au courant.
Le ministre fit volte-face et lança en sortant:
- Ne convoquez pas l'Estel, sollicitez plutôt une audience, vous aurez un peu plus de chance de le rencontrer...

La flotte de l'Estel, avait pris position en orbite de Janus IV en conservant sa position de combat afin de continuer à protéger les cargos par la masse et les canons énergétiques des lourds croiseurs de combats. Les navettes de reconnaissances et les systèmes de surveillance de l'Estel avaient également repéré les gesticulations des forces armées de Janus. Il n'était pas si fréquent qu'une famille entre de façon aussi belliqueuse dans un espace planétaire. Paul comprenait d'autant plus leur réaction, qu'il avait jusqu'au bout respecté le silence radio, pour ne pas donner plus d'information au microbe malfaisant qu'il imaginait tapis quelque part dans l'obscurité.
- Ne fais pas cette tête, Milov, les soutes sont vides et mon frère a prévu de faire une escale d'au moins cinq jours sur Janus. Profitons de ce répit comme s'il devait durer l'éternité, nous pleurerons le dernier jour.
- La seule éternité qui me fasse peur c'est celle où tu vas t'engloutir en me laissant ici. Mais tu as sans doute raison, Ann, je ne vais pas gâcher nos derniers jours.
- A la bonne heure! Je suis déjà venu deux fois sur Janus IV, il y'a un complexe de loisir au fond d'un lac volcanique. Tu n'as jamais rien vu de pareil.
- N'en as-tu pas assez d'être enfermée !?
- Enfermée ? Le complexe est composé d'immenses coupoles de plexi, avec des poissons venus de toute la galaxie. C'est fascinant.
- Ce qui me fascine c'est que tu puisses encore avoir envie de respirer de l'air en boîte! C'est de vent et de soleil que j'ai envie.
Ann haussa les épaules, et braqua ses yeux rieurs sur Milov, qui se sentit prêt à s'enfermer dans une boîte de conserve, pour peu qu'elle le lui demande ainsi.
- Mon pauvre amour, l'air y est certainement plus pur que sur cette Terre à moitié morte dont tu rêves jour et nuit. Mais nous ferons comme tu veux.

Ils se rendirent aux guichets du ministère du tourisme de Janus et Milov choisit de faire une excursion à travers le parc des cratères de Jaslor. Le parc était dominé par un volcan dont l'activité était étroitement contrôlée par les ingénieurs janusiens. Les accidents étaient parait-il rares, et les spatiaux en escale ou les riches touristes en vacances, pouvaient admirer de très prés les jaillissements de plasma et les rivières de lave en fusion. Ann et Milov abandonnèrent rapidement le petit glisseur biplace qu'ils avaient loué, pour ne conserver du matériel du parfait touriste, que l'holographe fourni par le centre. Leur guide virtuel était une fort jolie janusienne, commentant avec force sourires, le moindre bout de rocher qu'ils croisaient. Mais les deux amoureux n'avaient que faire d'un cours de géologie, et ils avaient beau savoir que l'hologramme n'était qu'un enregistrement sophistiqué réagissant à leurs déplacements, la belle janusienne leur volait leurs précieux instants de solitude... Ann déconnecta l'holographe et ils s'avancèrent en silence vers le géant de basalte qui crachait lentement ses ruisseaux de lave. Le volcan domestiqué rappela à Milov ce tigre terrien, l'un des derniers de sa race, faisant les cent pas derrière la paroi de la cage de plexi du parc de la Sauvegarde, où les terriens s'obstinaient à vouloir garder en vie un écosystème épuisé. Il conçut de la comparaison un sourire amer, car comme les fauves de chair ou de feu, il était en train de se résigner à son inévitable destin. Ann ne lui demanda pas d'où lui venait ce sourire vaincu.

Ils rentrèrent ensuite à l'hôtel qu'ils avaient choisis, dans la capitale de Janus IV, mais le plus loin possible de l'astroport, exténués mais sans avoir prononcé une seule fois le nom de l'Estel. Prétextant non sans raison, que le terrien avait décidé du programme de la journée, Ann choisi le restaurant où ils devaient poursuivre la soirée. Une de ces auberges qui à force de se vouloir typique, finissait par ressembler à toutes les auberges typiques de la galaxie ! Mais l'ambiance y était chaleureuse et la musique suffisamment assourdissante pour les empêcher d'entretenir trop longtemps une conversation sérieuse. La mélancolie de Milov se noyait peu à peu dans ce joyeux vacarme et dans les verres d'alcool que ne cessaient de remplir et de re-remplir avec une générosité toute commerciale les serveuses du restaurant.
Ann savait fort bien que Milov aurait à nouveau des larmes à retenir dés que cesserait la musique et les rires embrumés des tables voisines. Ils s'attardèrent, ne quittant qu'au dernier moment cette atmosphère protectrice et sortirent étroitement enlacés ; Ann frissonna dans l'air humide de Janus et le terrien resserra son étreinte. Milov leva la tête vers le ciel, mais la nuit saturée des lumières de la ville ne laissait paraître aucune étoile. Pourtant il les savait là, tapies derrière l'aura fluorescente des enseignes lumineuses, prêtes à lui ravir pour toujours le seul bien précieux qu'il avait jamais cru posséder. Quelques instants avant, des dizaines de personnes gesticulaient autour d'eux, le temps de sortir dans la rue, de lever les yeux vers le ciel et de faire quelques pas hésitants, et la marée humaine s'était dispersée; n'avait peut-être jamais existé. Seuls quelques dos tournant au coin des rues voisines où entrant dans des glisseurs privés démentaient cette illusion de vide.
Lorsque le glisseur blanc s'immobilisa à coté d'eux et qu'en sortirent quatre hommes, ni Ann , ni Milov n'eurent l'esprit encore assez vifs pour tenter de réagir. L'instant d'après, ils se trouvaient dans le véhicule anti-g qui redémarra dans le plus parfait silence, encadrés par leurs ravisseurs.
Ann et Milov eurent beau protester, ils n'obtinrent aucun renseignement des quatre hommes. Rien, ni dans leur habillement, ni dans le véhicule, ne permettait de savoir qui ils étaient.


- Si je vous comprends bien Prial, vous êtes en train de me dire que ma propre sœur s'est fait kidnapper, au nez et à la barbe de vos hommes, et qu'ils n'ont rien fait !
- Monsieur, mes hommes n'étaient pour ainsi dire pas armés. Vous redoutiez seulement que votre sœur ne tente de s'enfuir avec le terrien. Nous ne pouvions imaginer un tel scénario.

L'Estel était furieux et il avait à peine entendu les explications gênées de son vieil officier. Il se retourna vers le poste de commandement et hurla :
- Mettez moi immédiatement en communication avec le gouverneur de Janus.

Au bout de seulement quelques instants une jeune femme se retourna vers Paul:
- Il fait pleine nuit et les janusiens refusent de réveiller Madame le gouverneur. Ils nous demandent de patienter jusqu'à demain.
- Dites à ces imbéciles, que si dans moins de dix minutes je ne suis pas en contact avec le gouverneur, la capitale de Janus sera mieux éclairé qu'en plein jour, grâce au champignon nucléaire qui fleurira au dessus des ruines de leur palais.


Moins de cinq minutes après, le contact holographique était établi et Madame le Gouverneur de Janus IV se présentait dans le poste de commandement du cuirassé.
Son visage encore marqué de sommeil contrastait de manière étonnante avec les complexes et luxueux vêtements des officiels janusiens que le programme informatique du transmetteur recomposaient fidèlement autour de sa silhouette.
- Puis-je savoir, Monsieur, quelles sont les raisons qui me valent un tel réveil et vos menaces de destruction ?

Paul d'Estel fut immédiatement impressionné par la prestance de cette femme. Il n'avait pas connu sa mère, disparue peu de temps après sa naissance dans l'accident stupide d'une navette de liaison, mais c'est ainsi qu'il pouvait y penser. Son père avait toujours refusé de lui en montrer le moindre enregistrement holographique et en avait même effacé toute trace avant de disparaître. Paul avait cependant toujours imaginé une grande femme belle et fière comme le gouverneur de Janus. Il lui fallut quelques secondes avant de retrouver son aplomb :
- Janus est une planète bien peu sure, Madame le gouverneur. Ma propre sœur vient d'être enlevée a quelques pas de votre palais et j'attends vos explications.
- Je suis désolé de cet incident, mais je ne vois pas quelles explications je pourrais vous fournir. Dés que vous m'aurez donné tous les détails, je les transmettrai à notre police qui mettra tout en œuvre pour retrouver votre sœur.
- Je vous tiens vous et votre gouvernement de tout ce qui pourrait lui arriver de néfaste sur la planète que vous administrez.
- Selon le rapport qui m’a été transmis juste avant l’établissement de notre connexion visuelle, le secteur a été entièrement bouclé par nos forces de police ; mais je vous le répète nous manquons d’éléments. N’avez vous pas idée de ce qui aurait pu motiver une telle action ?
- Pas la moindre. Nos hommes ont assisté à la scène sans avoir le temps d’intervenir. Il s’agissait d’une opération parfaitement préparée.
- Ne connaissez vous donc personne qui aurait bien pu en vouloir à votre sœur ?
- Non
- Qui est l’homme qui l’accompagnait ?
- Aucune importance
- Monsieur, nous ne pouvons négliger aucune piste. Si ce n’est pas votre sœur qui était visée, c’est peut-être cet homme et vos services de sécurité ont déjà refusé de nous communiquer son identité. Pourquoi un tel mystère ?
- Qu’importe son nom. Un tel incident ne s’est jamais produit, nous n’avons pas pour habitude d’annoncer nos déplacements à l’avance. Qui pourrait guetter ainsi notre arrivée sur une planète dont la destination n’a jamais été annoncée et où personne, pas même nous, ne pouvait savoir exactement quand nous y arriverions ?

Paul d’Estel n’avait pas pour habitude de se laisser autant aller, mais malgré leur récentes disputes, il était sous le choc de la disparition d’Ann et à travers sa représentation holographique il en était arrivé à faire confiance au gouverneur de Janus.
- Madame le gouverneur, je ne souhaiterais pas m’entretenir avec vous plus longtemps sur ce canal. Je préfère que nous discutions face à face, je serais à votre palais dès que possible.

Le gouverneur prit tranquillement le temps de mettre de l’ordre dans ses cheveux et de passer une tenue plus « officielle » que ses vêtements de nuit, puis elle se rendit à son bureau de réception au dernier étage du palais. De la baie vitrée elle pouvait contempler une grande partie de la ville endormie, lumineuse et sereine, en apparence du moins. Elle soupira profondément et s’installa à son bureau, alors que son secrétaire particulier, à moitié endormi, faisait son entrée. Le Gouverneur ne pu que sourire en voyant son air hagard et ses yeux rougis.
- Désolé mon cher, mais notre nuit est terminée !
- Que se passe t-il Madame le Gouverneur ?
- La sœur de l’Estel a été enlevée en sortant d’un restaurant et la Famille nous tient pour responsable… Contactez les services de sécurité du Palais et prévenez les du débarquement imminent d’une escouade de l’Estel ; qu’ils se tiennent à distance et les laissent passer, nous n’avons pas besoin de fournir de nouveaux prétextes à une action plus agressive. Ensuite, trouvez-moi le Ministre Elezard et faites en sorte qu’il soit ici avant la venue de l’Estel, avec tous les éléments qu’il pourra réunir sur cet enlèvement. Dites lui bien que je veux que les forces de sécurité fassent de cette affaire leur seule priorité…

Iliam Jezora se cala bien au fond de son fauteuil, ferma les yeux et écouta les pas de son secrétaire tandis qu’il sortait de son bureau. Elle aurait s’acquitter elle-même de ces tâches, mais elle préférait profiter encore des quelques moments de silence et de calme qui demeuraient avant l’entrevue avec l’Estel ; entrevue qu’elle pressentait mouvementée et délicate.

En réalité, il fallut moins d’une heure pour que l’Estel et son escorte ne se présentent aux portes de son bureau. Plusieurs soldats de l’Estel y pénétrèrent armes à la main, sans se soucier le moins du monde d’étiquette diplomatique ou même d’élémentaire politesse. Ils étaient vêtus d’impressionnantes cuirasses de combat d’un noir si dense qu’elles n’accrochaient pas le moindre reflet lumineux ; seules deux fines diagonales blanches qui les rayaient de l’épaule gauche à la hanche droite, venaient leur donner un peu de vie. Un officier, dont le visage que l’on devinait buriné derrière la visière de plexi de son casque, tranchait avec la jeunesse des autres soldats ; entra à leur suite et toujours sans un mot pour le Gouverneur, il inspecta soigneusement la pièce et en scanna chaque recoin. Lorsqu’il eut terminé sa tâche, Paul d’Estel pénétra à son tour et s’approcha du bureau.

Regardant le Gouverneur Jezora droit dans les yeux il lui dit
- Madame, vous voudrez bien excusez les méthodes directes de mes hommes, mais sur une planète où l’on kidnappe les miens, je me dois à cette prudence.

Certes elle avait déjà eut ce sentiment durant leur entretien holographique, mais ce fût le contraste entre le ton assuré et l’extrême jeunesse de son interlocuteur qui frappa le gouverneur en premier.

- Monsieur, je vous assure à nouveau que le gouvernement de Janus mettra tous ses moyens en œuvre pour retrouver votre sœur et son compagnon.
Iliam Jezora, depuis longtemps rompue aux joutes oratoires, n’eut aucune difficulté à noter la légère crispation des machoires de l’Estel, lorsqu’elle prononça le mot « compagnon ». Elle choisit de ne pas insister pour l’instant sur cet aspect des choses et reprit.
- Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, j’ai convié M. Elézard, notre ministre de la défense à cet entretien. C’est lui qui coordonne l’ensemble de nos forces de défense et de police…
- Et où est-il donc ?
- Je n’en ai pas la moindre idée, reprit-elle en forçant sur ses lèvres un léger sourire. Laissez-moi quelques secondes.

Le gouverneur de Janus connecta le clavier virtuel de son bureau et envoya un message écrit à son secrétaire particulier en lui demandant de lui répondre de la même façon, plus discrète et confidentielle qu’une conversation orale.

Cela fait, elle releva rapidement la tête vers ses « invités » et reprit :
- Il est certainement en route, si vous le voulez bien nous commencerons sans lui.
- Bien, fit Paul d’Estel, venons en au fait. J’ai donné ordre à ma flotte de combat d’interdire à tout vaisseau de quitter votre planète, quel que soit son statut, sa nationalité ou ses raisons…
- Vous voulez instaurer un blocus ?!
- Non, du moins pas pour l’instant, j’ai seulement parlé des vaisseaux souhaitant quitter la planète…
- Bien, j’apprécie la nuance. Janus est une planète relativement calme, sa population totale ne dépasse guère les six cent millions d’habitants, dont plus de la moitié vivent dans la capitale et sa périphérie. Agriculture de subsistance et industrie de pointe y font bon ménage et le niveau de vie est excellent, largement au dessus de la moyenne des systèmes de l’Union. La délinquance est extrêmement rare et les crimes majeurs encore moins en dehors de quelques crimes passionnels ou de quelques accidents douteux. Quant aux enlèvements crapuleux comme celui dont les vôtres ont été victimes, il me faudrait faire des recherches dans nos archives pour savoir à quand remonte le dernier. Je suis donc extrêmement surprise de ce qui s’est passé. Il ne s’agissait manifestement pas de petits voyous en manque d’aventure, mais d’une opération réalisée avec sang froid et précision. Ils n’ont donc sûrement pas été enlevé par hasard et c’est bien eux qui étaient visés. Aussi je vous repose la même question que lors de notre première conversation, êtes vous sur que personne n’avait de raison d’en vouloir personnellement à votre sœur ou à cet homme autour du quel vous semblez vouloir faire tant de mystère…
- Et je vais devoir vous faire une réponse identique, ma sœur est officier à bord du vaisseau amiral de notre flotte et n’a aucun ennemi sur cette planète. J’ai vérifié, nous sommes régulièrement venus commercer sur Janus. La dernière fois, c’était il y’a environ trois de nos années courantes, et nous avons beaucoup voyagé depuis en vitesses hyperluminiques. J’ai comparé avec votre calendrier, cela correspond à plus de quinze de vos années planétaires. Qui aurait pu… Mme le Gouverneur, vous écoutez ce que je vous dis ?
- Euh oui, bien sur…
Vous semblez troublée…
- En effet, je viens de recevoir un message m’indiquant que le ministre Elézard demeurait introuvable et qu’il était apparemment injoignable.
- Est-ce fréquent ?
- Non, non bien sur et c’est cela qui m’étonne. D’autant plus que la situation exigeait qu’il demeure disponible…

Le vieil officier qui était entré en tête de l’escouade de l’Estel fit brusquement un pas en avant et ignorant tout protocole il saisit l’Estel à l’épaule et interrompit sa conversation avec Iliam Jezora.
- Monsieur, dit-il, je reçois une communication prioritaire de la flotte. Plusieurs vaisseaux viennent de décoller d’une base aérienne militaire et montent rapidement en altitude.
- Combien de vaisseaux ? Quels types ?
- Nous n’avons pas encore d’information précise,

Paul d’Estel fusilla des yeux le Gouverneur de Janus
- Madame, avez-vous une explication à ces manœuvres ?
- Je ne comprends pas, j’ai personnellement donné des instructions pour que nos vaisseaux de combat demeurent en alerte, je pense que cela ne vous surprendra pas, mais aussi et surtout pour qu’ils demeurent à quai !
- Et puis-je savoir, Madame, à qui vous avez donné ces instructions ?
- Et bien à notre ministre de la défense, Monsieur Elé… Par les étoiles, vous ne pensez tout de même pas que…
- Je pense la même chose que vous… Capitaine Prial, nous avons du nouveau ?

Un grand silence se fit dans le bureau du gouverneur de Janus. Après de longues secondes, Prial reprit la parole :
- Oui Monsieur, treize vaisseaux ont pris l’air, dont douze sont identifiés, selon les plus récentes informations que nous ayons sur la flotte de Janus, comme étant des croiseurs de classe T ; les plus modernes dont dispose cette planète.


Iliam Jezora, qui était resté debout durant tout l’entretien comme la délégation de l’Estel, s’effondra dans son fauteuil et marmonna la tête entre les mains
« l’imbécile, ah l’imbécile ! »

Paul d’estel la regarda brièvement puis se retourna à nouveau vers son capitaine :
- Prial, vous avez parlé de douze croiseurs, mais de treize vaisseaux…
Le capitaine soutint le regard de l’Estel, mais ne répondit pas de suite
Et bien parlez, Prial. Est-il identifié ?
- J’en ai peur Monsieur, il s’agit sans le moindre doute du petit appareil qui nous a faussé compagnie sur Zerdia et qui nous a attaqué et détruit un cargo à notre arrivée dans ce système…

L’Estel, posa ses deux mains sur le bureau du Gouverneur et se pencha en avant jusqu’à ce que leurs visages se touchent presque. Il dit d’une voix glaciale :
- Votre ministre n’est pas un « imbécile » Madame, c’est un assassin qui a détruit l’un de mes vaisseaux et tué de nombreux membres de la famille d’Estel. C’est un vulgaire pirate qui a déjà sévi dans d’autres systèmes. Il reste une question à régler, est-ce envers votre gouvernement un traître ou agit-il en concertation avec vous, voire sur les ordres de votre gouvernement.
- Comment osez-vous insinuer cela ? La présence de vos soldats armés dans mon bureau ne vous donne pas le droit de remettre en cause mon honneur et les positions pacifiques de mon gouvernement, simplement parce qu’un homme…
- UN homme dites-vous ? Ne me dites pas que cet homme pilote de ses propres mains douze croiseurs de combat et un navire à la technologie jusqu’alors inconnue !

Iliam Jezora, qui s’était peu à peu tassée dans son fauteuil sembla reprendre ses esprits. Elle répondit aussi calmement qu’elle le pût :
- Il est ministre de la défense, il a parfaitement pu donner des ordres directement aux équipages des croiseurs… Si vous cessez de hurler quelques instants, je vais prendre contact avec le commandement militaire et leur demander de rappeler les croiseurs avant qu’il ne soit trop tard.

Paul d’Estel ne lui répondit pas, il soutint un instant son regard puis se retourna à nouveau vers le capitaine Prial.
- Capitaine, comment se présente la situation.
- La flotte se repositionne de façon à intercepter les vaisseaux janusiens le plus rapidement possible. Leur puissance de feu est importante et ils risquent de nous causer quelques dommages, mais ils n’ont aucune réelle chance de s’enfuir. Quels sont vos ordres ?
Ils ne cherchent pas à s’enfuir ; du moins pas les douze croiseurs. Ils servent juste d’escorte à l’autre navire pour qu’il ait le temps d’utiliser son système de bond et de disparaître.
Même avec l’escorte des croiseurs, nous pouvons tenter de le détruire en premier. Je présume qu’il lui faut atteindre une certaine vitesse ou au minimum sortir de l’atmosphère ou de l’attraction planétaire pour passer en hyperespace.
- Prial, ne comprenez vous pas ? Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas le détruire ! Ann est certainement à son bord ! Et s’ils réussissent à prendre la fuite, nous ne la retrouverons jamais. Notre seule chance consiste à l’aborder et à en prendre le contrôle dès sa sortie de l’atmosphère ; mais avec son escorte de croiseurs cela sera extrêmement délicat. Je vous laisse donner des consignes en ce sens à la flotte…

Dès que son regard croisa celui d’Iliam Jezora, Paul compris que la situation ne s’améliorait pas. Sa mâchoire était crispée, ses traits tirés et ses mains tremblaient légèrement au dessus du clavier virtuel. Elle prit le temps de consulter les dernières notes qui lui parvenaient puis releva les yeux vers lui :
- Je suis désolée, il semblerait que l’emprise d’Elezard sur l’équipage de nos croiseurs soit plus important que celui de notre haut commandement ; ceux-ci n’obéissent à aucun des ordres de retour immédiat à leur base et ne prennent même pas la peine de répondre.
- Il semble que vous ne soyez plus face à la trahison d’un seul homme, mais face à une vraie conspiration.
- Il y’a encore autre chose Monsieur. Un homme dont la description correspond parfaitement à celle du mystérieux compagnon de votre sœur, a été retrouvé drogué dans un local technique de la base spatiale d’où sont partis les croiseurs. Il dit s’appeler Milov et exige de vous parler dans les meilleurs délais...
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MessageSujet: Re: La lumière déchirée - 5   La lumière déchirée - 5 Icon_minitimeJeu 16 Sep 2010 - 18:12

Palpitant.. je file lire la suite !
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