Zazou esquisse, Lejumeau dépeint l'écran d'un rêve
Mamy et le bonheur
J’ai atteint l’âge où l'on a vu déjà et analysé bien des choses.
Et si les rêves de vingt ans se réalisaient complètement
Nous serions brûlés, consumés comme par un feu trop ardent.
Cependant le bonheur existe, l’homme court après lui.
Il le cherche et cette recherche incessante prouve qu’il existe
Qu’on l’a senti un jour, qu’on ait frémi à son approche
Mais… Qu’il s’est éloigné tout à coup !
Le bonheur existe et j’en ai quelquefois vu le reflet
Chez ceux dont la vie renfermait plus de sacrifices
Que de jouissances, plus de gêne que d’abondance !
Je le regardais avec étonnement parce qu’il me paraissait simple
Et bien différent de celui que je rêvais alors pour moi-même.
Le bonheur est un rayonnement
On est illuminé par celui des autres
Ou le nôtre illuminera notre entourage
Il nous attend peut-être dans cette tâche qui semble rude
Ne le cherchons pas non plus dans l’éclat et dans la lumière
Il est souvent dans la pénombre, là où il veille.
Prenons garde de passer à côté de lui sans le voir
Il ne nous forcera pas la main, il attend qu’on le prenne
Que jamais je ne puisse dire :
« Il était là et je n’ai pas su le reconnaître. »
Je me souviens Mamy du bonheur que tu m’as offert
Le jour où je t’ai tendu un bouquet de fleurs des champs.
Il tenait dans ces quelques mots, et quels mots :
« Mon petit, les grands plaisirs ne sont pas à ma portée
Je me contente des petits et je mets mon bonheur
À contempler une simple fleur.
Aimer, être aimé, n’est-ce pas une partie du bonheur. »