Peindre et dépeindre, Duo Cécile, Lejumeau

Crayons et stylo de Lejumeau

Cécile

Il vous est sans doute arrivé…
D’attendre quelqu’un le soir, au coin d’une rue,
Pendant une heure puis pendant des heures
Et de savoir que la personne attendue ne vienne pas
Et de continuer à espérer quand même sous un lampadaire
Il vous est arrivé de connaître de telles angoisses
Et aussi, celle que l’on éprouve à s’en aller
En se retournant tous les dix mètres et à revenir sur ses pas
Malgré la certitude que tout cela est inutile.
Je faisais les gestes d’un homme qui a de l’espoir.
Je regagnais la maison. C’était un soir de novembre…
Ici prend place un événement que je vais essayer
De vous relater, mais que je ne peux expliquer.
Je passai dans le salon et me jetai sur le canapé...
Je ne sais pourquoi je vous parle de ça
Je suis un homme si ordinaire, si semblable aux autres.
Ce qui me frappe le plus, au sujet de mes songes
C’est que je n’ai pas besoin d’être endormi pour rêver.
Entendez bien, je ne dis pas rêver comme les poètes
Je dis bien rêver comme un dormeur,
Tomber en proie à un monde incohérent, magnifique.
Je me rappelle seulement que dans la salle de bain
Comme derrière un mur de carreaux…
Il y avait l’eau qui coulait et l’image bleue rectangulaire
D’une femme entrevue à travers les cils !
Cécile, l’Antillaise, l’égérie de l’affiche Publicis
Était chez moi et prenait un bain.
Je rêve très souvent, je rêve des rêves vagues et forts
C'est-à-dire que je vois des images dont le contour n’est pas net
Mais qui donne à mes journées la couleur de mon âme !
Il faudra que je vous entretienne de mes rêves, une autre fois
Je n’ai ce jour que des crayons aquarelle
Pour vous emmener au pays des rêves colorés
Inutile de m’aventurer aujourd’hui dans le pays des mots.