La mémoire assassinée
Assied-toi tout près de moi
et laisse-moi te raconter
ce que la mémoire, je crois,
ne dois jamais oublier.
Dans l’Hollande d’autrefois
bien avant que tu ne sois née
vivait une jeune fille, comme toi
avec ses joies et ses projets.
Elle se demandait parfois
ce qu’un jour sa vie serait,
elle ferait du cinéma…
ou peut-être qu’elle écrirait...
Elle consignait un journal
où elle parlait d’amitié,
de la dynastie royale,
de sa personnalité.
Mais sur sa veste une étoile
la faisait vivre aux aguets
et plus tard en marginale
privée de sa liberté.
Dans une annexe, bien que mal,
en marge de la société
elle conservait son moral,
elle croyait, elle espérait…
Jusqu’au jour cruel et fatal
où les bourreaux sont entrés
et vers un camp infernal
comme d’autres, elle fût déportée.
Et par un hiver glacial,
auprès de sa sœur aînée,
comme on achève un cheval
de faim, de froid, elle mourait !
Pour tous les enfants comme toi
n’oublie pas l’histoire passée…
pour qu’elle ne meure pas deux fois,
la mémoire assassinée.
Antonio
A+