L' argile pour Syl, l'encre pour le jumeau
L'espace Jacques Prévert
Une bande dessinée, un tintin manqué, des pas perdus,
J’erre dans les rues d’une " Foire à rien du tout.
L’eau est dans l’air, rien ne va plus.
Que dans les rues paysagées de la cité se remplissent bassins et fontaines !
Mon imaginaire prend l’eau. C’est idiot mais je pense à " Bataille et Fontaine ".
Maudite télévision où le génie sommeille.
" Pour parler à toi-même utilise ta tête…
Pour parler aux autres, utilise ton cœur... "
Je me souviens de cette phrase et de celui qui me la murmurait.
Un ami, mon maître, Fernand Duplouy l’écrivain l’instituteur.
« Bonjour ! Comment t’appelles-tu ?
Tanguy, Monsieur ! J’ai huit ans et je veux être sculpteur
Comme mon papa qui expose ce matin au pré vert. »
Une rencontre avec un petit homme aux yeux ciel et marine
Et je suis en partance sous des nuages de bien être
En compagnie… En direction de l’espace Jacques Prévert.
Ce paquebot sédentaire, ancré face à la Seine, nous fait oublier la terre.
Tanguy le petit guadeloupéen tout comme moi, voguons…
Rêvent ceux qui veulent ! Oublié Tintin ! Le bonheur est dans l’air.
En cette matinée d’été l’espace culturel entrouvre ses portes.
Un généreux bouquet de fleurs à l’entrée, un chevalet ici
Et des tubes et des pinceaux étalés là, et le tour est joué.
Accostons un moment. L’exposition offre mille et une surprises.
C’est un mélange heureux entre les sculpteurs, les peintres et la pluie.
Sans la pluie, sans Tanguy je ferais des ronds dans l’eau de la Seine
Qui à quelques pas coule sereine.
Sur la dalle sous des chapiteaux la pierre blanche, l’argile
Prennent vie sous le burin des sculpteurs et les caresses.
Il est encore trop tôt, il bruine, et les artistes burinent.
Sans tintin et le capitaine partons à la découverte du paquebot
Quand c’est le cœur qui conduit !...
La pluie a cessé. Dehors un flot de visiteurs a envahi la dalle.
Des bustes ont remplacé des cubes de pierre.
Sous les toiles des bustes de femmes au sourire doux.
Un sourire un peu fatigué qu’elles garderont éternellement.
J’aperçois Tanguy… Il caresse un doux visage.
Le visage, c’est celui de sa maman, façonné sous les caresses du papa.
Un rayon de soleil traverse la fenêtre d’un arbre...
En un instant l’espace Prévert nous émerveille.
Avec ou sans tintin c’est un beau dimanche matin au bord de l’eau.
Tiens cela me reprend : " Dimanche Martin ".
Décidément l’ écran perturbe mon imaginaire !