La craie de Solaime, l'encre de Lejumeau
Une façon de caresser le papier
La femme sauvage
Alentour, pas âme qui vive.
La sérénité la plus complète règne sur un paysage
Dont les couleurs n’existent pas encore,
La brume, féminité attirante, plane sur le Lac
Elle sera sûrement à nouveau ce voile qui se déchire
Qui se laisse aller au désir de dévoiler des lumières,
Se rendant ainsi complice des humeurs secrètes d’un peintre
La brume abrite, dissimulées dans des voiles de nuit,
Des vies qui ne demanderaient qu’à rester secrète
Puis, avec les minutes qui s’écoulent,
Des formes imprécises commencent à se dessiner.
Les paysages tout autant que les êtres qui les peuplent.
Seules quelques silhouettes qui émergent,
Subsiste des frôlements, des sons sans écho,
Puis un bruit mouillé dissimulé au cœur de la brume,
On distingue alors un corps et des membres qui se tendent,
Une femme glisse dans cette intimité secrète où elle se fond
Des plantes plient, avant de s’écarter mollement.
La femme sauvage laisse derrière elle une trace noire
Qui ne se refermera que lentement.
Un peu prisonnières, quelques couleurs sont posées
Sur un bâton traînant en eau peu profonde.
Silhouette surgie d’un autre âge, elle s’éloigne avec ses charmes
Et se réfugie là, où la végétation se fait la plus dense.
Elle qui prenait tant de place, elle paraît soudain fragile,
Prête à céder, à se laisser chasser comme une ombre
À grands bonds, elle se transforme en gerbes étincelantes.
Il ne reste d’elle qu’une senteur humide qui se disperse.
L’eau redevient tranquille, tout se calme comme si rien ne s’était passé.
L’air frissonne encore d’un souffle nocturne qui s’éloigne
Et côté levant, une lueur pourpre monte, annonçant l’aube.
Quelques ombres cheminent en murmurant, puis les bruits s’éteignent.
Elle vit à d’autres heures, sous d’autres lumières
La femme sauvage.