La fille aux cheveux roux que mon pinceau caresse,
Le visage incliné et la fesse charnue,
La bouche sans sourire, un sein encor menu,
Insolemment tendu, un regard qui s'abaisse
Sur une cuisse lisse, est-elle ange ou diablesse ?
La voulez-vous, amour, perverse ou ingénue ?
Je mouille mon pinceau entre ses jambes nues
Pour retenir le temps qui m'efface et me blesse.
Je n'ai pas ces cheveux qui flambent sur l'échine,
Ni ce ventre arrondi que ta fièvre jardine,
Élastique velours où frémissent tes doigts.
Je n'ai pas ce delta renversé que ta bouche
Effleure, ni la sente où ton désir giboie.
- Mais c'est moi qui, pour toi, sur le papier la couche.