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Le pinceau de Moinillon, le stylo de LejumeauDans la rue de la ville,
Une silhouette cheminait habillée du manteau de la peur.
Elle avait peur du mystérieux qui se cache dans l’ombre,
De toutes ces puissances malsaines qui semblent guetter la vie,
Des monstres que tout cerveau porte en lui avec épouvante
Et mêle à tout ce qu’il voit.
On distinguait encore une lueur jaunâtre au fond de la rue,
Elle n’éclairait pas était plus oppressante que la nuit.
C’était une lumière de glas !
Soudain le son monte, il y en a de profonds, il y en a d’aigus,
Il y en a qui tintent, il y en a d’autres qui grondent.
Elle les écoute longuement, un à un, diminuer et s’éteindre
Et dans le lointain d’autres voix différentes qui se mêlent et tournent.
Elles ont l’air de vous appeler, de vous attirer loin, de plus en plus loin,
Dans des retraites mystérieuses, où l'on plonge et s’enfonce…
Les voix étaient graves et lentes puis s’éteignirent.
Les voilà disparues ! ... Non, elles murmurent encore…
Elle pensait à ce qu’elle faisait là.
À cette heure dans la rue et de honte, elle pleurait.
On dirait que cette misérable masse sombre
A pressentiment de la vie de peines qui lui est réservée
Et que rien ne peut apaiser.
L’être s’absorbe tout entier dans sa pulsation lente.
Le balancier du temps se meut avec lourdeur.
Des essaims de rêves, rêves du passé, désirs, espoirs, traversent les pensées.
Un tourbillon vertigineux qui passe et fait plisser le sourire.
Les ombres ont besoin de lumière.
Surgissant dans la nuit, des battements…
Tocsin pour la misère !